Lésions cérébrale identifiées à l'échographie transfontanellaire en période néonatale et devenir de l'enfant grand prématuré aux âges de 5 et 8 ans: résultats de l'étude EPIPAGE.

Par Ghada Beaino

Financement en 2006

Montant : 5 000€
  • La recherche de lésions cérébrales chez le nouveau-né repose sur un examen échographique : l’échographie transfontanellaire (ETF). L’objectif de ce projet était d’étudier l’apport de cet examen dans la détermination du pronostic neurodéveloppemental d’enfants grands prématurés à l’âge de 5 ans en s’appuyant sur la cohorte EPIPAGE (enfants nés avant 33 semaines d’aménorrhée dans 9 régions de France en 1997) ;
  • La prévalence de paralysie cérébrale était de 4% chez les enfants sans aucune anomalie à l’ETF, et  de 61 % pour les enfants avec une lésion de type leucomalacie périventriculaire cavitaire. Les prévalences de déficiences cognitives étaient de 8 % chez les enfants sans lésion à l’ETF, 34 % en présence d’une leucomalacie.
  • Le pronostic moteur et cognitif des enfants grands prématurés dépend des lésions cérébrales diagnostiquées par ETF en période néonatale. Cependant 1/3 des enfants avec paralysie cérébrale ne présentaient pas de lésions cérébrales à l’échographie, renforçant la nécessité de suivre étroitement ces enfants grands prématurés et de réévaluer régulièrement pendant l’enfance leur pronostic moteur mais aussi cognitif.
Epidémiologie

L'équipe

Membre

Ce projet de recherche a été mené par Mme Ghada BEAINO (INSERM U149,  IFR, Epidémiologie en santé périnatale et santé des femmes, Hôpital Tenon, Paris) sous la direction du Dr Pierre Yves Ancel.

Contexte

En France, près de 10 000 enfants naissent grands prématurés chaque année, représentant ainsi 1,3 à 1,5 % des naissances. Ces enfants sont à haut risque de déficiences motrices et cognitives, et en particulier de paralysie cérébrale (PC) mais aucun pronostic clair ne peut être établi à la naissance. Ces handicaps seraient conditionnés par la présence de lésions cérébrales dont le diagnostic repose sur un examen échographique : l’échographie transfontanellaire (ETF). Mais chez près de la moitié des grand prématurés qui présentent une paralysie cérébrale, on ne retrouve pas de lésions cérébrales sur les images

Si la relation entre les facteurs de risque néonataux et le développement moteur des grands prématurés a été bien évaluée, l’effet conjoint de ces facteurs et des données de l’échographie sur le risque de PC n’a jamais été étudié dans une approche globale.

Objectifs et Méthodologie

L’objectif de ce projet était d’étudier l’apport de l’ETF dans la détermination du pronostic neurodéveloppemental d’enfants grands prématurés à l’âge de 5 ans.

Tous les enfants nés avant 33 semaines d’aménorrhée dans 9 régions de France en 1997 ont été inclus dans l’étude EPIPAGE. Les lésions cérébrales diagnostiquées par ETF en période néonatale étaient notamment les leucomalacies périventriculaires et les hémorragies intraventriculaires. À l’âge de 5 ans, les principaux critères de jugement étaient la survenue d’une déficience motrice (paralysie cérébrale) ou cognitive.

Résultats d'avancement

2 901 enfants sont nés vivants, 2 459 sont sortis vivants des services de néonatologie et 1 817 enfants ont été évalués à 5 ans ; 8,5 % des enfants grands prématurés ont développé une paralysie cérébrale, 11,7 % des déficiences cognitives. La prévalence de paralysie cérébrale était de 4% chez les enfants sans aucune anomalie à l’ETF,  de 61 % pour les enfants avec leucomalacie périventriculaire cavitaire et de 8 % pour les enfants avec hémorragie intraventriculaire de grade I. Les prévalences de déficiences cognitives étaient de 8 % chez les enfants sans lésion à l’ETF, 34 % en présence d’une leucomalacie cavitaire et 13 % en cas d’hémorragie intraventriculaire de grade I. Le tiers des enfants avec paralysie cérébrale et la moitié des enfants avec une déficience cognitive n’avaient pas de lésion cérébrale.

Après avoir pris en compte l’effet des lésions cérébrales et des facteurs obstétricaux et néonataux, seuls le sexe masculin, et la rupture prématurée des membranes ou le travail avant le terme représentaient des facteurs de risque significatifs de PC chez les enfants très prématurés.

Perspectives

Le pronostic moteur et cognitif des enfants grands prématurés dépend des lésions cérébrales diagnostiquées par ETF en période néonatale.

Cependant 1/3 des enfants avec paralysie cérébrale ne présentaient pas de lésions cérébrales à l’échographie, renforçant la nécessité de suivre étroitement ces enfants grands prématurés et de réévaluer régulièrement pendant l’enfance leur pronostic moteur mais aussi cognitif.