Syndrome du bébé secoué : l’incidence a doublé et la mortalité décuplé en région parisienne pendant la pandémie de Covid-19

Dans une toute récente étude les équipes des services d’Anesthésie-réanimation, Neurochirurgie et Imagerie pédiatriques ainsi que l’équipe mobile de protection de l’enfance de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP et d’Université Paris Cité associées à une équipe de l’Inserm, coordonnées par le Dr Alina-Marilena Lãzãrescu, ont constaté que, en région parisienne, après une période de stabilité en 2020, le syndrome du bébé secoué a vu son incidence doubler et sa mortalité décupler en 2021 par rapport à la période pré-pandémique (2017-2019).

Aussi appelé "traumatisme crânien non accidentel" (TCNA), le syndrome du bébé secoué se traduit lorsqu’un bébé ou un jeune enfant est violemment secoué par un adulte. Ces secousses, toujours extrêmement violentes, sont produites le plus souvent lors de la saisie du bébé sous les aisselles ou par le thorax. Sa tête se balance rapidement d’avant en arrière et son cerveau heurte les parois de son crâne. Le bébé peut alors arrêter de respirer et des lésions cérébrales, oculaires et de la moelle épinière peuvent survenir. Des pertes de neurones importantes, qui impacteront l’enfant toute sa vie, peuvent aussi être occasionnées.

Les séquelles du syndrome du bébé secoué

75% des bébés qui survivent aux secouements connaîtront des séquelles très lourdes dues à des lésions cérébrales

  • Un retard du développement psychomoteur ou des handicaps moteur
  • Des troubles cognitifs et des difficultés d’apprentissage ;
  • Des problèmes de comportement ;
  • Des troubles de l’alimentation ;
  • Des troubles du sommeil ;
  • Un déficit visuel ou une cécité ;
  • Un déficit auditif ou une surdité ;
  • Des crises épileptiques.

 

Le syndrôme du bébé secoué est une des causes post-natales de la paralysie cérébrale dont les manifestations cliniques sont les conséquences des lésions cérébrales.

Pour alerter sur la réalité de cette maltraitance et ses conséquences, et présenter des solutions préventives au syndrome du bébé secoué, le ministère en charge des solidarités a travaillé en lien étroit avec des parties prenantes engagées, dont des experts reconnus et des parents témoins. Début 2022 une campagne de communication a été conçue pour aider les professionnels et les institutions de santé à sensibiliser leur patientèle ou les publics qu’ils reçoivent sur le syndrome du bébé secoué. Cette campagne s’inscrivait dans le cadre du dispositif des « 1000 premiers jours » de l’enfant, destiné aux futurs et jeunes parents.

https://solidarites-sante.gouv.fr/affaires-sociales/familles-enfance/protection-de-l-enfance-10740/proteger-les-enfants-face-aux-differentes-formes-de-maltraitances/syndrome-bebe-secoue

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dp_sbs_def_170122.pdf

Les résultats de l’étude publiée par le Dr Lãzãrescu rappellent l’importance de la sensibilisation au syndrome du bébé secoué : une maltraitance qui peut être mortelle et conduire à des handicaps qui durent toute la vie.

Références

https://u-paris.fr/syndrome-du-bebe-secoue-lincidence-a-double-et-la-mortalite-decuple-en-region-parisienne-pendant-la-pandemie-de-covid-19/

 

Alina-Marilena Lãzãrescu; Sandro Benichi; Thomas Blauwblomme; Kévin Beccaria; Marie Bourgeois; Charles-Joris Roux; Estelle Vergnaud; Juliette Montmayeur; Philippe Meyer; Jérémie F. Cohen; Martin Chalumeau; Flora Blangis; Gilles Orliaguet. JAMA Network Open.

DOI 10.1001/jamanetworkopen.2022.26182